L’allaitement c’est trop dur !

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Après avoir donné la vie, (si c’est pas la classe ça !), vous voilà de retour à la maison. A ce moment-là, il y a 2 écoles : celles qui font le choix de l’allaitement et les autres du biberon.

Commençons par dire qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise école, personne n’est obligée d’allaiter. La pression sociale ambiante n’est pas censée être une motivation pour le faire, ce sont vos boobs, vous en faites ce que vous voulez, quoi qu’en dise la société. Pour ma part, c’était un choix, je voulais allaiter pour plusieurs raisons : la relation particulière que cela créait avec son enfant, la qualité exceptionnelle du lait maternel et ses bienfaits sur la santé du bébé, le côté ultra pratique genre « t’as faim ? hop tiens mon sein ! » et enfin, la GRATUITÉ.

Ne nous voilons pas la face, le lait en poudre, le 1er âge de surcroit, coûte un rein. Bref, j’étais donc pleine de bonne volonté à la naissance de mon fiston. Quand les sages-femmes m’ont expliqué les bases de l’allaitement, j’étais toute ouïe. Toute fière fière de moi, j’ai pris mon bébé dans mes bras et je lui fourré mon téton dans la bouche.

l'allaitement c'est trop dur

BON.

Autant vous dire que ce fut laborieux. Mon fils s’acharnait sur ce pauvre mamelon, et quand enfin il réussissait à téter 3 gorgées, BAM ! Il s’endormait. HEIN ? c’était impossible qu’il soit rassasié aussi vite ! J’ai tenté de le réveiller mais niet, dodo l’enfant do. Bien. Il n’avait peut-être plus faim après tout ! Je l’ai donc posé dans son berceau et me suis allongée à mon tour pour dormir. SAUF QUE, 10 minutes plus tard, bébé pleure. Bébé a faim.

OK très bien petit bonhomme, t’es tout neuf, tu ne comprends pas encore comment la vie fonctionne, autant pour toi, viens donc me rebouffer les seins. Et là, rebelotte, ce bougre s’endort après avoir avalé 3 gouttes.

J’ai vite senti l’embuscade. J’appelle les sages-femmes pour leur présenter le topo. Elle m’explique qu’en principe, nourrit au sein, un bébé est rassasié au bout d’une vingtaine de minutes, 10 min d’un côté et 10 min de l’autre. En sachant que le mien ronflait au bout de 2 minutes sur le premier sein, j’étais pas sorti de l’auberge.

Elles m’ont alors conseillé de le déshabiller pendant la tétée, histoire que le froid le tienne éveillé suffisamment longtemps. Déjà quand elles m’ont dit ça, j’ai décoché la case « pratique » des avantages de l’allaitement, si je devais à chaque fois le dépoiler pour le nourrir, bonjour la galère… Sous le regard de mes 2 sages-femmes, je déshabille mon fils, ne lui laissant que la couche, et je le mets au sein. Le temps qu’il comprenne comment prendre le téton en bouche déjà 1 minute s’écoule. Il a beau ne pas avoir de dent, bordel de merde ça commençait à faire un mal de chien cette affaire.

Je serre les dents et persévère. Bébé tète enfin. Les sages-femmes se penchent sur moi, le nez quasiment collé à mon sein, pour l’observer à l’œuvre. Au bout de 3-4 minutes, le voilà qui ferme les yeux. Elles se mettent à le chatouiller, à le stimuler, pour qu’il reste éveillé. Elles me disent : « ok on va changer de sein, mais avant on va changer la couche pour complètement le réveiller ». C’EST BIEN LABORIEUX CE BORDEL DITES MOI ! non seulement je dois le déshabiller mais en plus lui changer la couche ! Je commençais à redouter la prochaine étape, genre « maintenant, on va lui lire la Constitution Européenne ! »

Bref, changement de couche, bébé se réveille tant bien que mal, et je tente l’autre sein. Evidemment, dodo direct. Une idée me traverse l’esprit : « Et si mon corps était capable de sécréter naturellement des somnifères ? Serai-je une espèce hybride au pouvoir endormant ? » Gros questionnement intérieur.

Les sages-femmes déclarent : « il n’a pas faim cet enfant, on va le laisser dormir », et pose mon fils dans son berceau, en me demandant de les prévenir dès son réveil pour refaire un essai. 20 minutes plus tard, bébé braille. Je tiens à préciser l’heure de toutes ces entrefaites : 3h du matin. Voilà, vous comprenez maintenant le contexte. Comme convenu, j’appelle les sages- femmes. En entrant dans la chambre elles me disent : « bon, nous avons affaire à un gros téteur ! », « il doit tenir ça de son père sans doute » répondis-je, « ahah » se marrent-elles, «il faudra investir dans une tétine car vous être sa sucette vivante pour l’instant ».

Le reste de la nuit se passe de la même façon, une micro tétée toutes les 20 minutes. Je ne vais pas vous mentir, je commençais à décourager. Surtout que j’avais les mamelons en feu, mais LITTÉRALLEMENT EN FEU. Rouge vif, ultra douloureux, avec un début de saignement. Les fameuses crevasses. Une des sages-femmes me donne des petits tulles gras à poser dessus pour soulager entre les tétées, et me conseille une crème pour réparer les dégâts.

Faisons un rapide bilan : un bébé qui réclame le sein, qui mâchouille une bonne minute avant de comprendre le principe de la chose, une minute pendant laquelle je pleure de douleur à cause des crevasses, qui tète 5 minutes et qui s’endort, pour réclamer une nouvelle fois vingt minutes plus tard.

Autant vous dire que je pensais fortement à abandonner. Mais j’ai tenu le coup, les crevasses se calmeraient au bout d’une semaine, m’a-t-on dit, votre bébé aura sa tétine donc il fera la différence, tout ira bien…

Je suis rentrée à la maison avec la ferme intention de m’en tenir à la décision d’allaiter au moins 6 mois. Sauf qu’à la maison, seule, sans les sages-femmes pour vous encourager, c’est difficile. J’ai alors pris la décision de louer un tire-lait à la pharmacie pour préparer des biberons à mon fils, solution qui semblait miraculeuse : il continuait à boire mon super lait, sans que je souffre le martyr.

J’ai donc testé l’engin, assise sur le canapé, les 2 boobs à l’air, un tire-lait de chaque côté, telle une vache laitière. D’ailleurs quand mon mari est rentré à ce moment-là, il m’a regardé et m’a dit « J’ai plus qu’à te peindre en violet et je pourrais t’appeler Milka ! »

Ahah. Connard.

Je l’ai ignoré superbement et j’ai continué mon affaire. Au bout d’une demi-heure de tirage intempestif, j’ai regardé ma récolte : 70ml. Performance de merde. Ça ne suffisait pas, il me fallait au moins 200ml pour être sereine, je me suis acharné, mais non, ça tirait, ça faisait mal, mais rien ne sortait.

Le lendemain rebelotte, mais cette fois, 150ml ! WOUHOU ! Petit à petit, j’arrivais à alterner entre sein et biberon, même s’il m’était très difficile de me rendre compte des quantités de lait que buvait mon fils au fil des jours. Une nuit, après l’avoir nourri, je me suis rendormie. Une heure plus tard mes seins hyper gonflés et douloureux m’ont réveillés pour tirer mon lait, bébé dormant paisiblement. Je me suis retrouvé à 2h du matin, crevée et à bout, les seins tiraillés, le moral dans la culotte, à voir 20ml de lait tomber goutte à goutte dans la petite bouteille.

Déclic. Stop. J’ai tout débranché et je suis allé me recoucher. Le lendemain je suis allé faire le stock de lait Gallia et j’ai tout arrêté. J’ai rendu le tire-lait à la pharmacie, j’ai acheté de chouettes biberons tout mignons et je suis rentrée. Mes seins se sont vidés en à peine 2 jours, j’avais peur de devoir souffrir encore longtemps, mais en fait j’avais l’impression qu’ils n’attendaient que ça !

Au final j’aurai tenu 5 semaines. Cinq petites semaines qui m’ont parues aussi longues que la barbe du Père Fouras. Dès que mon fils a commencé le lait en poudre, il a fait ses nuits. Du jour au lendemain, il passait de « je fais mes nuits en pointillés en me réveillant toutes les heures » à « je dors de 20h à 7h du matin d’une traite » ! Un miracle ! Les premières nuits j’allais quand même vérifier qu’il respirait bien, c’était tellement brutal comme changement !

Je pouvais enfin suivre avec précisions les quantités qu’il buvait, il ne s’endormait pas sur son biberon, je n’étais pas sur les nerfs, mes seins avaient retrouvés leur place dans mon soutien-gorge, le Phoenix renaissait de ses cendres ! Avec le recul je me dis que je n’étais pas faite pour l’allaitement (SANS BLAGUE ?!), et je suis même un peu jalouse de ces mamans qui allaitent longtemps, qui éprouvent un réel plaisir à le faire et qui ne rencontre aucune difficulté.

Aujourd’hui, je garde au fond de moi cette sensation d’échec et peut-être que pour le deuxième (s’il y a un deuxième), je retenterai…

Maso vous avez dit ?

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3 Comments
  • Hawa
    novembre 2, 2016

    Merci infiniment pour cette article qui m’a fait sourire et rire au éclat car je me suis totalement retrouvée dans cette article. Grâce à vous, je me suis sentie moins seule.

  • Zihi
    février 28, 2018

    Mille fois.merci je me suis fendu la.peche en lisant ton histoire et oui c ‘est souvent comme.ca le début de l’allaitement.
    Tu devrais partager ça partout. Car je trouve qu’on en parle pas assez.
    Bravo

  • Stephanie Bouchard
    septembre 20, 2019

    Merci pour ton article. Je débute l’allaitement et bien que ça ne soit pas aussi laborieux que ça l’a été toi, je me sens un peu moins seule et « égoïste ». La pression sociale est terrible dans cette affaire mais quel est le prix de se ruiner la santé et le moral en tant que mère?
    J’attends la livraison de mon tire lait demain et je verrai si mes seins commencent à se remettre… on verra pour la suite.