Club Mamans

Où se situent les limites dans l’éducation d’un enfant ?

Quand mon fils est venu au monde, ma vie a changé, c’est le moins qu’on puisse dire. Et au fil des mois (je parle en mois car il n’a que 3 ans), ma vision de l’éducation a changé aussi. Avant d’avoir des enfants je voyais certaines limites dans l’éducation. J’avais certains principes, bienveillance, licorne et paillettes.

J’estimais que tout devait passer par le dialogue et la patience. Je le pense toujours aujourd’hui, mais disons que j’y mets un peu plus de nuances.

Etant petite, je ne vous cache pas que j’ai eu droit à de bonnes paires de claques bien senties. Dans le fond je pense qu’elles étaient méritées, et notre génération a été élevée dans cette idée qu’une baffe n’a jamais tué personne.

Pour nos enfants par contre, c’est devenu compliqué, voire tabou. Les débats sur la fessée animent les discussions parentales, les punitions, le chantage, les menaces,… toutes ces techniques usées et abusées, qui permettent d’asseoir une autorité….

Ce que j’en pense ?

Personnellement, je suis contre la violence, sous n’importe quelle forme. Physique déjà, c’est juste INCONCEVABLE que je puisse être violente avec mon enfant. Rien que d’y penser cela me fout la gerbe.

Verbale ensuite. Les insultes et les remarques dénigrantes, qui sabotent la confiance et l’estime de soi, sont pour moi, presque plus vicieuses que les violences physiques.

Psychologique enfin. J’entends par là, les menaces, le chantage et les punitions. Là, j’avoue, je suis plus nuancée. Dans l’absolu je suis complètement contre. Mais dans la pratique, c’est plus compliqué que ça.

Parfois, lorsque la vie ne me fait pas de cadeaux, que la journée a été longue et chiante, et que la fatigue use mes nerfs… Si mon fils décide de se braquer pour un oui ou pour un non, ma patience est de très très courte durée. Approximativement 4 minutes 18 secondes. Pas plus.

Ensuite je me fâche, et je menace. Et je sors ma botte secrète, le fameux « ADAM JE COMPTE JUSQU’A 3 ! ». Jusqu’à récemment, je ne savais pas encore ce qu’il se passait après le « 3 », Adam ayant l’amabilité de céder avant de l’atteindre. Et puis depuis quelques mois, j’aurai pu compter jusqu’à 800 qu’il n’aurait pas réagi.

Il a donc bien fallu trouver quoi dire après 3.

Au début, je l’envoyais dans sa chambre, genre « tu es puni, file dans ta chambre !! ». Sauf que je ne voulais pas qu’il associe ce lieu à une punition. Ça devait rester son endroit douillet, ses jouets, ses livres, ses berceuses.

Changement de stratégie, quel endroit de la maison est le plus neutre ? ou plutôt, quel endroit je pourrais sacrifier ? Sauf les toilettes, je ne suis pas sadique !

Du coup j’ai pensé à la salle de bains. Donc maintenant, quand je le punis, je l’isole dans la salle de bain. 5 minutes, pas grand-chose, juste le temps qu’il comprenne qu’il est mis à l’écart.

Au début ça me fendait le cœur, mais en grandissant, ses bêtises grandissaient avec lui, son insolence aussi. Et ma réticence elle, a diminuée.

Par contre, j’ai toujours cette limite immuable. Il pourrait tuer quelqu’un devant moi que je ne pourrais jamais jamais JAMAIS être violente avec lui (enfin tuer quelqu’un, je me comprends…)

Mais la phrase « Adam si tu continues je te mets dans la salle de bains !! » est devenue assez récurrente. Au point que parfois il me la sort lui-même, dans les endroits improbables. La dernière fois, on attendait à la caisse du supermarché et je faisais la sourde oreille face à ces demandes de sucettes et bonbons en tout genre. A un moment donné, voyant que je ne réagissais pas, il m’a dit « Maman, tu veux que je me fâche ? attention je te mets dans la salle de bains !!! ». Gros blanc. Les autres personnes de la file ont dû se demander quelle pratique venue tout droit du moyen-âge je mettais à exécution chez moi. Le style qu’on voit dans les manuels d’histoires, à base de donjons et de chaînes.

Mais je m’y tenais, c’était ma soupape de sécurité, et malgré tout, cela fonctionnait.

Une fois, une malheureuse fois, j’ai dépassé ma limite.

Un jour où il était particulièrement pénible. Après la sieste, d’humeur exécrable, il ne voulait pas que je lui change la couche. J’avais passé une journée de merde et je n’avais vraiment pas la bienveillance nécessaire pour garder mon calme. J’arrive à le coincer et à l’allonger pour lui changer la couche quand il me tape dans le ventre avec son pied.

Le coup est parti. Bon, on n’est pas sur un uppercut à la Mohamed Ali, je parle là d’une claque sur la cuisse. Mais ça a résonné dans mes oreilles. Même lui a été choqué. Il s’est tue d’un coup puis s’est mis à pleurer. J’étais mal mais maaaaaal. Une horreur. Et il en a rajouté une tartine en me disant « maman tu m’as fait boboooo »…

Mon Dieu je me suis détestée. Mais je n’ai pas cédé, je me suis promis de ne plus refaire ça, mais je n’ai pas voulu le consoler tout de suite. Après tout, il m’avait mis un coup lui aussi.

Depuis il m’arrive de lui mettre des petites tapes sur la couche mais ce n’est vraiment pas méchant, il ne bloque pas comme il a bloqué ce jour-là.

Alors bien sûr, j’ai essayé de ne pas me fâcher, je sais que ce n’est pas la solution. Que ses crises de colères sont simplement une forme d’affirmation, qu’il grandit tout simplement. Mais FRANCHEMENT, je ne suis pas un robot. J’essaie, j’essaie très fort de garder mon calme, je parle avec lui, des fois je chuchote même face à ses crises, me disant que ça le fera descendre en pression… Et puis systématiquement, à un moment, déclic dans la tête, je hurle. Et je « compte jusqu’à 3 » et je menace et je punis.

Je ne sais pas comment font les autres parents.

Je ne sais pas si c’est moi qui suis trop faible.

Une amie, très calme et posée, beaucoup plus que moi d’ailleurs, a eu un petit garçon l’année dernière. Je me souviens qu’un jour elle était venue me rendre visite et lorsque je lui ai posé la question « Ça va avec ton fils ? » elle a d’abord gardé le silence, puis m’a répondu « Tu sais, parfois je comprends pourquoi certains parents secouent leurs enfants. »

Ça m’a fait un petit choc, car comme je vous le disais, elle était très calme, posée et réfléchie. Mais quand on doit gérer des êtres qui ont leur propre rythme, leur propre langage… Rien n’est rationnel.

Alors évidemment, elle était très jeune maman, elle sortait à peine la tête de l’eau, donc j’ai remis ses propos dans leur contexte. Je n’ai pas appelé les services sociaux je veux dire. Mais je me dis que la limite est facile à franchir.

Etre parent, c’est apprendre tous les jours, sur soi et sur son enfant. Trouver le juste milieu entre autorité et laxisme, ni trop, ni trop peu.

Un travail d’équilibriste à chaque instant. Un travail de longue haleine. Faisable mais difficile.

Comment vous situez vous ? comment vivez-vous l’éducation de vos enfants ?