Super Maman, ou le centre de leur monde.

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J’avais décidé de me prendre un bain d’une heure, tu sais celui où tu nettoie l’équivalent d’une semaine de morve, caca, pipi et fatigue en général. Puis j’ai été interrompue par mes deux enfants, en même temps. 2 fois. Et par mon mari. Une fois. Tout ça en même pas 8 minutes. Les enfants avaient « désespérément » besoin de moi, pour un truc vraiment con, du style « maman où est ma voiture jaune ? ». Mon mari voulait savoir où j’avais mis son maillot de foot. Bref, ma petite bulle de savon a éclatée, adieu Tranquillité. Super Maman à la rescousse.

La dernière fois je disais à mon mari qu’il avait de la chance de pouvoir déconnecter de la maison, même si cela signifiait devoir se taper des clients chiants ou passer la journée devant un écran. Pendant ce temps, il est totalement ailleurs. Il ne pense ni à moi, ni aux enfants, ni à la maison. Il est dans ses chiffres et ses dossiers et rien d’autre ne compte. « Toi aussi tu travailles ! » me répondit-il.

Oui. Je travaille. Mais je ne déconnecte pas pour autant. C’est là toute la différence. Mon esprit est compartimenté, et une partie est en permanence avec mes enfants, avec ce que j’ai à faire pour eux, pour la maison. Mes deux vies sont étroitement liées : ma vie de femme qui travaille et ma vie de maman.

Et quand j’essaie de travailler chez moi, avec les enfants autour de moi, c’est quasiment mission impossible. J’ai beau avoir un cerveau relativement multitâches, il est sur-sollicité par l’environnement. Les enfants qui se chamaillent dans un coin, le diner qui mijote sur le feu, la machine qui a fini de tourner.

L’esprit se dédouble, et le corps s’épuise.

Alors on devient irritable, un rien nous énerve, et parler calmement devient juste impossible.

Le soir venu, la fatigue est plus mentale que physique. Pour le peu qu’on ai du mal à dormir, et c’est la cata. Tout ne tient qu’à un fil, lorsque qu’on est la tête dans le guidon, le nez dans notre vie, sans le recul nécessaire pour se rendre compte de la chance qu’on a.

Parce que la vérité est là. Nous avons une chance inouïe de vivre ça.

Pour en revenir à mon bain de la dernière fois, et de ces interruptions intempestives, je me suis rendue compte d’une chose. Sur le moment, j’ai été profondément soulée, mais en même temps, je ne me suis jamais sentie aussi INDISPENSABLE. Je me suis sentie AIMÉE et INDISPENSABLE.

Le centre de leur monde.

Bien sur que j’aurai pu les ignorer, les envoyer chier, m’énerver…  Mais je ne l’ai pas fait. Parce que je sais que je suis LA SEULE, la seule qui peut faire en sorte que toute cette petite famille se sente bien, la seule qui peut résoudre tous leurs problèmes, petits ou grands. Et, pendant une seconde, je n’en avais plus rien à faire d’avoir été interrompue dans mon soin beauté et bain de bulles, parce que j’ai réalisé que cela ne durerait pas longtemps.

Ce moment où mes enfants me voient comme MAMAN, le centre de leur monde, est réel mais bien trop furtif. Ils vont grandir, découvrir la vie par eux même, et même si je serai toujours importante à leurs yeux, je ne le serai jamais autant que maintenant.

Je me dis qu’un jour, je n’aurai plus ces petits êtres dans mes pattes, à me poser milles questions insignifiantes pour moi mais existentielles pour eux… « Maman je peux manger le noyau de la cerise ? »,  « Maman tu peux t’allonger comme ça je  joue au toboggan sur toi ? »… Et je me dis que tout ça me manquera. Atrocement

Alors même si parfois mes crises de nerfs sont légitimes, que j’ai juste envie de hurler « MAIS LAISSEZ MOI FAIRE PIPI EN PAIX !! »J’ai décidé d’apprécier pleinement d’être leur super héros. De profiter tant que possible de ce sentiment d’extrême importance, à leurs yeux.

Car quand ils m’interrompent sans cesse, cela veut juste dire qu’ils ne pensent exister que pour moi. Ils s’attendent à ce que j’arrête tout ce que je fais, pour m’occuper d’eux. Mais ce n’est pas pour être chiants. Enfin je veux dire, ils sont chiants c’est un fait, mais ils ne le font pas exprès, je suis juste leur TOUT.

La Reine de leur royaume.

Ils ne voient la vie qu’à travers moi. Et je trouve que c’est le sentiment le plus pur qui existe. et le plus éphémère.

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1 Comment
  • Pampy Nette
    mai 31, 2018

    Voilà une très jolie façon de voir les choses, cela va clairement m’aider à relativiser dans les moments d’épuisement, et ne pas perdre patience.