Éducation : il y a plusieurs manières d’éduquer un enfant.

Le mois dernier nous étions invités à manger chez des amis de la famille. Leur fille, habitant en Norvège le reste de l’année, était avec eux pour passer les vacances d’été avec son homme et son fils de 8 ans. Nous avons donc pu échanger sur la vie norvégienne en comparaison avec celle en France, et plus particulièrement sur le sujet de l’éducation.

On le sait tous, éduquer un enfant n’est pas chose aisée. Chacun essaie de faire ce qu’il peut pour donner une éducation correcte à sa progéniture, en jonglant entre douceur et fermeté.

Notre amie nous a alors expliqué comment elle voyait les choses, dans le contexte norvégien dans lequel elle évolue.

En Norvège…

Il faut savoir que là-bas, ils sont tolérance zéro devant la violence faites aux enfants. Là bas, ils sont plutôt « on tabasse nos femmes mais on ne touche pas à nos enfants ». Je pense qu’elle exagère mais elle nous a vraiment dit ça. C’est-à-dire que si une maman met une fessée à son enfant dans la rue, les passants appelleront la police sans même adresser un mot à cette maman. Dans les structures d’accueil telles que les crèches ou les écoles, c’est pareil. Même si selon elle, les personnes encadrantes sont loin d’être les plus douces du monde.

Quant à sa manière d’éduquer à elle, elle est très permissive. Elle nous explique qu’elle ne dit quasiment jamais non à son fils. Dans l’absolu il obtient tout ce qu’il désire. Mais elle ne considère pas ça comme des caprices. Selon elle, à partir du moment où on ne résiste pas à l’enfant, il a aucune raison de faire un caprice. Et il sera moins tenté de réclamer des choses saugrenues car elles ne sont pas interdites.

La tentation de l’interdit n’existe pas car il n’y a pas d’interdits.

Elle a allaité son fils jusqu’à ses 4 ans. Ou plutôt, quand il a eu 1 an, elle a continué à l’allaiter mais juste le soir, pour l’aider à s’endormir. Parce qu’il le réclamait. Il avait besoin de s’endormir au sein de sa maman. Jusqu’à ce qu’elle discute avec lui et remplace la tétée du soir par une chanson et quelques épisodes de dessins animés.

C’est lui qui décide de comment il veut grandir finalement.

Le système scolaire en Norvège est différent de celui en France. Ils finissent leur journée d’école à 15h pour avoir le temps de faire des activités. Elle nous explique alors que son fils, après l’école, va rejoindre ses amis pour jouer et ne rentre à la maison qu’à 20h. Car c’est plus ou moins l’heure du dodo. Parfois ce sont les amis qui viennent à la maison et idem, ils jouent à la console ou à tout autre activité de leur choix puis elle les fait diner avant de les envoyer chez eux pour mettre son fils au lit.

Il est autonome.

Je lui demande alors s’il y a des limites, elle réfléchi quelques secondes puis me dit que non. Enfin oui, les limites classiques qui relèvent du bon sens : on ne fume pas, on ne boit pas, on ne tape pas, on ne tue pas. Encore qu’elle a mis une réserve sur le côté « tabac » car elle me dit qu’elle et son homme fument et qu’il serait difficile d’interdire de faire la même chose à leur fils.

Je ne sais pas quoi en penser.

Je suis totalement à l’opposé de ce mode d’éducation. Pourtant je peux comprendre certains arguments qu’elle m’a avancé. C’est vrai que lorsqu’un enfant n’est pas confronté au « non » il aura tendance à ne pas faire de caprices. Il ne réclamera pas d’interdits puisqu’il n’y en a pas. Elle considère qu’il se fait sa propre éducation. Qu’elle est là pour lui expliquer où est le bien et où est le mal. L’aiguiller plutôt que de lui indiquer fermement la direction.

Elle me dit aussi qu’il est impossible pour lui d’apprendre le consentement si on lui impose des choses qu’il ne veut pas faire. Par exemple, elle lui propose des légumes mais il n’en veut pas. Il lui dira « non maman je ne veux pas ». Mais si elle lui impose ses légumes, elle n’aura pas pris en compte son « non ». Elle n’aura pas attendu son consentement. Et qu’il sera difficile ensuite de lui faire respecter le « non » des autres, puisque le sien n’a pas été pris au sérieux.

Je comprends. Et j’adhère. Mais je n’y arriverais pas totalement.

Je considère qu’un enfant a besoin de limites pour bien grandir. Lorsqu’il est laissé libre et seul arbitre de sa propre vie, je pense que les possibilités qui s’offrent à lui sont trop vastes pour qu’il comprenne ce qu’il doit faire. Il a besoin d’interdictions pour apprécier les autorisations. Selon moi.

Si mon fils me réclame une glace au petit-déjeuner, je vais avoir du mal à la lui donner. S’il veut veiller jusqu’à minuit, je ne le laisserai pas. J’estime qu’il n’est pas encore mature pour réellement comprendre ce qui est bon ou mauvais pour lui ou sa santé.

Après je pense prendre en considération ses envies et ses préférences. Je sais qu’il n’aime pas les crêpes. Alors je ne le forcerai pas à en manger sous prétexte que c’est plus pratique pour moi par exemple. Je sais qu’il a peur de l’eau, donc je ne le brusque pas pour sauter dans la piscine même si ça me permettrait de mieux profiter de mes vacances. J’écoute et adapte ma manière d’éduquer à sa personnalité qu’il construit petit à petit.

Je sais que je ne suis pas parfaite, que je crie beaucoup et que je ne suis pas assez patiente avec mes enfants. J’essaie de faire mieux, mais certains principes, certaines limites, resteront présentes, quoi qu’il arrive. Je ne pourrais pas être aussi permissive que mon amie. Même si je respecte sa philosophie de vie.

Car après tout, son fils est poli et courtois, il n’est pas sauvage et ou capricieux, il est éveillé et intelligent. Alors j’imagine que son mode d’éducation est bon, dans un sens.

Mais pas dans mon sens à moi.

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