Cette peur qui ne me quitte plus depuis vous…

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Si vous saviez mes chéris à quel point cette peur est irrationnelle. Dès l’instant où j’ai su que j’étais enceinte de toi mon Adam, j’ai commencé à avoir peur. Une peur sidérale qui m’a pris aux tripes et qui ne m’a plus jamais quitté depuis.

Pendant la grossesse déjà.

J’étais attentive au moindre signe. A la moindre douleur suspecte, au moindre écoulement dans la culotte. Je passais ma vie sur Google a essayé de trier le vrai du faux. J’ai appelé ma gynéco un paquet de fois, au point qu’elle m’appelle par mon prénom maintenant. Une angoissée dès le départ. Je posais ma main sur mon ventre et guettait un mouvement de toi. Et si tu restais un peu trop immobile, je bougeais dans tous les sens, je me tortillais, pour provoquer une réaction. Un petit coup de pied salvateur qui m’aurait redonné la force de respirer à nouveau.

A l’accouchement ensuite.

Que ce soit pour toi Adam ou pour toi Hana, l’accouchement était express. Fulgurant de douleur et de vitesse. Je n’ai pas vraiment eu le temps de m’attarder sur cette peur qui continuait de grandir en moi mais j’observais le moindre échange entre les médecins et les infirmières. Le moindre regard suspect, comme pour intercepter un éventuel message alarmant qu’ils souhaiteraient se transmettre par télépathie. Mes yeux revenaient sur le monito sans cesse. Comme un aimant. Inlassablement j’observais les courbes de vos battements de cœur.

Quand vous êtes nés.

J’ai tout de suite cherché à entendre votre premier cri. Adam tu as mis un peu de temps. La panique ressentie à ce moment là est indescriptible. Ca a duré 2 secondes qui m’ont parues l’éternité. Puis tu as crié et j’ai pleuré. Hana toi tu m’a tout de suite rassuré. Une braillarde née ! Mais quand ils vont ont embarqués tous les deux pour vos premiers soins, j’ai regardé votre père pour qu’il y aille avec vous. J’aurais aimé me lever moi même pour vous accompagner mais bon, j’avais encore un placenta à expulser vous comprenez.

Tout au long de votre vie.

Depuis ce 17 mars 2015 ou tu es né Adam, j’ai cette peur qui est là, enfouie. Elle ne m’handicape pas, je vis très bien avec, mais elle est là. Elle s’est même exacerbée ce 29 juin 2017, quand tu es née Hana. Et depuis, je jongle avec mes sentiments. Votre père a l’air plus pragmatique, mais lui aussi est flippé. Quand vous tombez malades, il serait capable de vous vider la bouteille de Doliprane dans la bouche tellement il angoisse. Quand Adam tu as failli t’étouffer avec cette maudite cacahuète qui a échappé à notre vigilance, il est devenu aussi bleu que toi. Moi en revanche, j’ai géré la situation avec un sang froid qui m’impressionne encore aujourd’hui.

Parce que cette peur est une force, pas un frein.

Elle me permet de me surpasser pour vous. Elle me donne la force de me lever quand j’en ai pas envie. De faire des choses alors que j’ai la flemme. De vous accompagner partout alors qu’il aurait été bien plus simple de vous confier à la voisine parfois. Non, cette peur me pousse à surpasser mes limites et à vous protéger comme une lionne protège ses petits.

L’avenir est incertain.

Rien n’est acquis, tout peut s’arrêter du jour au lendemain, et je prie le ciel de partir avant vous pour ne pas avoir à vivre cette tragédie que j’ose à peine nommer, par prémonition. Et après je me dis que si je pars en vous laissant, personne ne saura vous protéger comme je le fais. Alors dans tous les cas je suis foutue. Condamnée à vivre avec cette angoisse au ventre, pour vous mes enfants.

Je me rassure en me disant qu’on est toutes comme ça.

Qu’être maman c’est ça. Des émotions décuplées. Les bonnes comme les moins bonnes.

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1 Comment
  • Amélie
    janvier 19, 2020

    Tu as très bien résumé mon ressenti, mes émotions, qui ont commencé au même stade que toi, et qui sont allés crescendo jusqu’à une grosse chute qui m’a rendue littéralement folle. Plus le temps passait, plus j’angoissais, à en devenir encore plus folle et gâcher la vie de mon conjoint et de mon fils. J’ai pris l’initiative de me faire suivre par une psy car c’était invivable pour tout le monde et j’étais épuisée de dépenser tout cette énergie …