Violences obstétricales : P. nous raconte son enfer.

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Aujourd’hui, maman P. a décidé de vous parler du jour de son accouchement. Elle attendait impatiemment la naissance de sa fille pour pouvoir vivre pleinement cette belle expérience qu’est la maternité. Mais son jour fut littéralement gâché. Et les jours qui ont suivis aussi. Les mois même ! Les violences obstétricales qu’elle a subit lui ont valu une dépression post traumatique. Elle vous raconte ce qu’elle a vécu…

Il y a deux ans et demi, j’ai donné naissance à mon premier enfant.

Une petite fille, aussi calme que belle.  J’ai eu souvent honte de ce que j’ai ressenti à sa naissance parce que ça a été le plus beau mais à la fois le pire jour de mon existence.  Il y a deux ans et demi, dépassement de terme, j’entre en clinique pour un déclenchement. Stressée mais heureuse de rencontrer bientot mon bébé tant attendu . J’ai vite déchantée quand j’ai compris que ça allait être les jours les plus traumatisants de ma vie.

Violences obstétricales, c’est comme ça qu’on dit.

Et c’est ce que j’ai subi les 3 premiers jours de mon hospitalisation. S’en est suivi ensuite de la violence psychologique, les 3 jours suivants.  Dépassement de terme, déclenchement, on me propose un décollement des membranes. Je n’ai pas le temps de refuser que je me retrouve déjà avec une main dans le vagin.  Pose d’un tampon gel. Pendant 5 bonnes minutes j’ai supplié en larmes la sage femme d’arrêter, tellement je souffrais. En vain. Contrôle du col toute les heures, par 5 personnes différentes et ce, juste le premier jour. C’est les portes ouvertes dans mon vagin, allez-y les gars, aucun soucis !

Le lendemain, on m’impose une césarienne.

On me dit que “ça arrange le planning qu’on la fasse ce matin”. Je la refuse. Déclenchement donc par perfusion. J’appelle la sage-femme qui s’occupait de moi à ce moment là, pour pouvoir me rendre aux toilettes. Je l’ai dérangé pendant sa pause déjeuner. Elle vient mais refuse de m’aider. “Je vous donne une bassine, je ne vais pas m’embêter à vous emmener aux toilettes avec tout l’attirail de la perfusion !”. Mais moi je ne veux pas faire pipi dans une bassine ! Et je me vois donc menacée d’être “sondée à vif si je m’obstine”. Quatre heures après le début de la perfusion, on ne me laisse plus le choix, nous partons au bloc. Arrivée sur place, on me demande “ça va madame ? – Non pas du tout ! – Mais si ça va !”. Ah bon OK, il fallait me prévenir que je devais dire oui, on aurai gagné du temps.

Ma fille est née.

Les jours suivants, ce sont enchainés bon nombre de remarques, de gestes brusques, de réflexions, et de jugements. On m’a même refusé de l’aide, quand seule, j’ai appelé pour changer ma fille. J’étais incapable de me lever avec la douleur. Et on m’a répondu, que personne ne viendrait m’aider. “Levez vous et n’appelez plus”.

Ce premier accouchement que j’avais tant attendu, tant préparé, m’a vallu une dépression post-traumatique, et un traumatisme à vie de l’accouchement, des visites chez le gyneco.

Une thérapie, interminable.

Ça m’a brisée, je n’ai plus aucune confiance en moi, dans mon rôle de femme, de mère. Je n’ai plus confiance en mon corps…  Je ne souhaite à personne de vivre ça.  Mesdames, sage-femmes, aide-soignantes, je suis bien consciente que vous êtes débordées, mais pensez avant tout à l’être humain terrifié de donner la vie, qui est devant vous…

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