Un début difficile et violent, dans la vie de maman.

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Il y a quelques semaines, je vous partageais le témoignage de Maman P. qui avait subit des violences obstétricales. En le lisant, maman J. s’est reconnue. Elle le dit elle-même, ce n’est pas tant la violence obstétricale qu’elle a subit, mais l’accouchement et un début difficile et violent dans sa vie de maman. Elle avait donc besoin de mettre des mots sur ses maux. Et de vous le raconter, anonymement.

Je suis tombée enceinte après des mois et des mois de traitements.

Mon mari et moi avons passé des tonnes de tests, tous plus désagréables et décourageants les uns que les autres. Au moment où nous décidons de faire une pause, la magie opère. Me voilà enceinte ! La grossesse s’est bien passée, des nausées durant les 4 premiers mois mais je m’y étais préparée. Je savais que tout n’était pas rose, surtout au début. J’ai perdu beaucoup de poids et je vomissais jusqu’à 10 fois par jour. Le terme était annoncé au 06 février ! Courage !

Le 05 février à 8h, j’ai perdu les eaux.

J’étais sereine, reposée et mon mari était déjà sur le retour du travail pour m’emmener à la maternité. Nous avons 45 minutes de route. Les contractions sont douloureuses, mais supportables. Nous sommes accueillis par une sage-femme qui nous explique qu’il y a beaucoup de femmes sur le point d’accoucher. Optimiste de nature, je me souviens lui avoir dit que tant que j’avais la péri, je ne m’inquiéterai pas ! Dans son regard j’ai compris que ça ne se passerait pas forcement comme je l’avais prévu…

Les salles d’auscultations d’urgences sont pleines.

Une autre sage-femme a fait sortir une future Maman avec sa blouse ouverte dans le couloir. La pauvre n’a pas réussi à cacher son malaise et ses fesses… Après m’avoir ausculté, on m’a installé dans une salle qui sert de réserve. Il y’avait des cartons d’enveloppes de partout, il y’a juste la place pour mettre le monitoring à côté. Pas de sonnette pour prévenir si j’ai besoin. La sage-femme nous a expliqué que nous devions attendre là, jusqu’à ce que je sois dilatée à 3cm pour me poser la péri.

Je marche pour faire avancer le travail mais rien ne se passe.

Les contractions ont commencé à être de plus en plus ingérables. Au bout de 9h, j’étais déjà épuisée à gérer la douleur. J’ai demandé à mon mari d’aller chercher de l’aide. Une sage-femme est venue et j’espérais qu’elle m’annonce un col dilaté à 8 cm tellement je souffrais. Ce n’était pas possible autrement ! J’avais trop mal. Mais en fait non, rien n’avait bougé. Elle me propose un biscuit mais à peine avoir fini ma bouchée que je lui vomi dessus.

La douleur était trop forte.

Elle m’a proposé une piqure dans la fesse pour calmer la douleur. J’ai accepté. Je n’étais toujours pas à 3 cm. Le médicament m’a fait du bien, mais pas pour longtemps. Je suis restée 12h dans cette pièce avant d’être à 3 cm et avoir la péri salvatrice. A ce moment là, je change de pièce. On me met dans le service des grossesses à risques. Je partage ma chambre avec une autre femme mais je suis contente ! On se sent moins seuls avec mon mari, et il y’a de l’activité dans les couloirs. Ça bouge, on voit du monde !

La péri a stoppé les contractions, plus rien ne se passe.

Bébé va bien, je me repose mais c’est long. Dans la nuit, l’obstétricien de garde est venu m’ausculter et masser mon col. Pour faire avancer les choses. Ça ressemblait plus à une scène de film d’horreur. Ca saignait beaucoup et mon mari a failli perdre connaissance. Le médecin m’a parlé de césarienne. Que ça n’avançait pas assez vite malgré les produits dans la perfusion. Mais le sage-femme qui avait pris le relais au changement d’équipe m’a dit que ça allait bien finir par avancer. Que la césa n’était pas neutre de conséquences pour moi et mes futures grossesses.

Le médecin et lui avait un discours complément différent.

Le sage-femme était sympathique, j’avais envie de lui faire confiance. Quand le médecin est revenu, je lui ai dit que j’étais prête à attendre encore un peu. Le bébé allait bien. Je me sentais rassurée. Je me suis dit que je pouvais prendre 1h pour voir comment ça évoluait et me décider après. Erreur de ma part !

Plus personne n’est venu me voir durant des heures.

Il m’a fallu 12h après la péri pour être dilatée complètement. Le changement d’équipe avait encore une fois eu lieu, et j’étais toujours au même point. Les aides-soignantes m’ont reconnue quand elles sont revenues pour la toilette intime. L’une d’elles s’est inquiétée de me voir encore là. Elle est partie chercher une sage-femme qui m’a dit après 24h d’attente, de douleurs car la péri ne fonctionnait plus, qu’il fallait laisser le temps au bébé de descendre. J’avais tellement mal, je n’arrivais plus à bouger, ni parler. Je n’arrivais pas à ouvrir les yeux. L’anesthésiste est rentré et m’a dit qu’il ne pouvait plus me donner de médicament. Qu’il faudrait finir comme ça. J’étais en colère ! J’ai juste réussi à dire à mon mari que je voulais qu’on change d’endroit pour accoucher. Et lui, à bout aussi, m’a dit que malheureusement, ce n’était plus possible. Je me suis mise à pleurer.

J’ai pleuré comme jamais.

La sage-femme est venue me voir 4 fois. Une fois par heure. Elle était tellement désagréable ! Je voulais lui expliquer que si Bébé ne descendait pas, c’est peut-être parce qu’à toutes mes échographies, on m’a dit que c’était un gros et grand bébé ! A la dernière écho, Bébé était estimé à 4kg300 à terme. Elle m’a répondu sèchement que « si déjà le Bébé ne passait pas dans ma tête, il ne passerait pas en bas ! ».  Les aides-soignantes sont revenues me voir avec le nouveau médecin de garde. Le monitoring montrait des irrégularités du rythme chez Bébé.

Le médecin a crié « code rouge » et tout le monde est arrivé en courant.

D’un seul coup, il n’y avait plus de place dans la pièce. J’ai entendu des « bonjour, je suis l’interne », « bonjour je suis pédiatre », « bonjour je suis sage-femme ». On m’a demandé de passer du lit au brancard. Il manquait une personne pour me soulever. Je leur ai dit que j’allais me lever, quelqu’un m’a répondu « Non Madame, vous ne sentez plus vous jambes et… » Je ne lui ai pas laissé le temps de finir sa phrase. J’étais déjà sur le brancard. Je n’avais plus de péri depuis des heures. Ca été le dernier effort que j’ai réussi à fournir.

Dans le bloc, j’avais froid. Tout a été très vite. Pas un bruit. Juste mes sanglots.

Je n’ai pas entendu mon Bébé pleurer. Mon mari s’est mis à pleurer. Il me disait « tu l’entends ? tu l’entends ? Il pleure ! Il va bien ! » Mais moi je n’entendais plus rien. J’entendais mon mari de loin et puis plus rien. Le médecin m’a dit que j’étais restée consciente. Mais je ne les entendais plus à ce moment-là. Mon mari est parti avec Bébé. J’ai été mise en salle de réveil sans mon mari ni mon Bébé. Au bout d’un moment, j’ai été remise dans ma chambre et mon mari m’a rejoint avec mon fils. Bébé de 54cm pour 4k070 !

Ça a été un choc.

Cet enfant que je désirai depuis tant d’années n’était pas le mien. Il ne ressemblait pas du tout au bébé que je m’étais imaginé. J’ai tout de suite pensé que ce n’était pas le mien. Il y’avait une erreur. Mon mari a compris que j’étais épuisée. Moi j’étais persuadée qu’ils ne lui avaient pas donné le bon surtout !

J’ai passé 4 jours à pleurer.

Les visites de mes proches m’irritaient. Je voulais être tranquille mais je n’ai jamais été de nature à m’imposer. Eux étaient contents d’être là, et moi je voulais qu’ils partent. Mais je n’osais rien dire. Je voulais allaiter mais la montée de lait ne venait pas. J’avais rien dans les seins et j’avais beaucoup de mal à placer la bouche de mon fils.

Je ne savais plus comment m’y prendre.

Le personnel était débordé et une fois sur deux j’avais le droit à « Faut s’accrocher ! » ou des « Laissez tomber, ce n’est pas grave ! Le biberon c’est bien ! » Je n’arrivais pas à m’imposer. De toute façon, au bout de 24h, j’avais les tétons en sang. Je m’accrochais aux accoudoirs du fauteuil à chaque tétée. Mon mari me disait que peu importe mon choix, ça serait bien. Mais impossible pour moi de me positionner rationnellement. Mon bébé pleurait H24. Et moi aussi. Au moment de partir de la maternité, j’étais contente de rentrer et angoissée de savoir comme j’allais m’en sortir.

Quelques jours plus tard, une puéricultrice est venue me voir chez moi.

Je pleurais encore. Elle m’a trouvé dans le canapé avec le tire lait sur les seins. Elle m’a dit de laisser tomber. Que je n’étais pas une mauvaise mère pour autant. C’est mots m’ont fait du bien. Elle m’a demandé de déshabiller mon fils pour le peser. J’étais tellement nerveuse que j’ai cru que j’allais lui casser les bras en lui enlevant le body. Elle m’a rassuré. Aucun jugement de sa part, que des encouragements. J’étais persuadée qu’elle allait me le prendre tellement je me sentais nulle. J’ai perdu 15kg en 18 jours.

Je n’étais plus moi-même.

Je passais mon temps à pleurer et à faire le ménage. La pression que je me mettais, était énorme.J’en oubliais de dormir. Mes parents sont morts quand j’étais jeune. Je n’ai pas beaucoup de famille. Quand ils venaient et me disaient qu’ils s’inquiétaient pour moi, je mettais mon masque de « tout va bien ! ». Mon mari était tellement inquiet qu’il partait travailler en laissant son téléphone en communication avec moi. Il me disait souvent « Ca va aller ma chérie, je rentre bientôt. J’arrive. Je suis à 1km, je suis en train de me garer, je suis derrière la porte… »

Mes parents ne m’ont jamais autant manqué.

Il m’a fallu 3 mois pour me sentir enfin bien. Voir que mon fils ressemblait à mon père enfant et mon mari. Il a commencé à me sourire et j’ai souri de nouveau. Le fait qu’il pleurait énormément a enfin été diagnostiqué. Il était intolérant au lait maternel à base de lait de vache. Dès la maternité, il avait des compléments en lait par biberon. Nous sommes passés au lait de riz. Il dormait, mangeait et souriait enfin. J’ai commencé à voir le jour ! J’ai enfin réussi à mettre des mots sur mon état. Pourquoi et comment j’en étais arrivée là grâce à une psychologue. J’ai avoué à mon mari avoir voulu mettre fin à mes jours. Il m’a avoué l’avoir su rapidement, et prévenu mon entourage et mon médecin. Chaque visite de mes proches était bienveillante et le rassurait.

Au bout de plusieurs mois, nous avons décidé d’avoir un 2e enfant.

J’ai continué mes consultations avec la psy de l’autre maternité. Au moment de commencer les traitements, j’ai appris que j’étais déjà enceinte ! Pour l’arrivée de notre 2e enfant, nous avons choisi un autre endroit et j’étais prête. Je le savais au fond de moi. J’ai eu une grossesse un peu plus compliquée que la première mais un accouchement de rêve et une équipe au top malgré la césarienne imposée. (Bébé en transverse et un placenta mal placé). Sachant mon histoire, le personnel de la clinique a avancé mon accouchement la veille. Un dimanche. Pour m’éviter la salle de réveil sans mon 2e bébé.  J’ai passé un agréable séjour à la clinique aux petits soins. Tout le monde a été vigilant, moi la première. Aucun baby blues, rien!

Aujourd’hui, malgré un début difficile, je suis Maman de 2 garçons de 6 et 4 ans, et c’est que du bonheur !

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1 Comment
  • Tiphaine
    mai 24, 2020

    Merci du témoignage c’est poignant et inadmissible cette violence 😥 heureusement tout se finit bien avec deux enfants mais quel parcours chaotique. Beaucoup de courage 💪