IMG : quand il faut faire un choix impossible.

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Aujourd’hui c’est Joanne qui se confie à nous. Elle a subit une IMG. Interruption médicale de grossesse. Sa fille a été testée trop tard, et a révélée une trisomie. Elle a du faire ce choix impossible. Une douleur indélébile, qui ne la quittera jamais depuis. Je vous laisse découvrir son histoire.

J’écris car parfois les mots sont plus faciles à dire de cette manière.

“Ça va ?”, “Oui ça va Merci…”. Voici les mots que l’on dit… Parfois ça n’est qu’une façade car on ne peut expliquer l’indicible. Bien sûr que je suis heureuse, j’ai deux filles magnifiques que j’aime plus que ma propre vie. Deux filles qui me remplissent de bonheur. Un mari que j’aime plus que tout au monde. Et qui a toujours été présent pour moi, dans les mauvais moments et il y en a eu pas mal, comme dans les meilleurs. Tout a été si vite. Ma première grossesse, un bonheur, un accomplissement de nos 9 ans ensemble.

Et puis une première écho mal datée.

Une prise de sang faite trop tard. Ces résultats du tri test qui reviennent à la limite de la normale… S’ensuit le rendez vous en urgence à l’hôpital. Et là on attend le bon moment pour l’amniocentèse… Tout le monde y compris le corps médical se veut rassurant. Peu de chances qu’il y ai un problème, les échos sont parfaites ! On découvre l’attente, la peur… Les résultats qui tardent à arriver…

Cet appel tant attendu arrive, nous devons  nous rendre à l’hôpital.

L’accueil du médecin avec un grand sourire semble de bon présage. Puis l’annonce tombe avec un ce sourire qui me glace encore le sang. Le monde s’écroule. Le sol se dérobe sous mes pieds. Je n’entend plus. Plus rien n’existe. Je n’entend plus le discours du médecin, juste les pressions  de mon mari, sur mon corps,  qui me rappellent à la réalité et me maintiennent. Comme toujours.

La descente aux enfers continue.

Toutes ces questions … Un médecin qui nous presse. Il faut vite faire un choix. Choisir l’interruption médicale de grossesse, ou pas. Un choix ? Est-ce vraiment un choix ? Plus on attend, plus elle grandit en moi, et plus dur sera l’accouchement. Je la sens bien bouger déjà… Le temps s’est arrêté, attendre l’accord des médecins pour cette décision qui semble irréelle.

Les jours défilent.

Puis vient le temps dès premiers cachets à prendre pour ramollir le col et débuter doucement le travail. Péridurale ou non ? Prénom ? Et autres questions qui paraissent impensables pour des parents. Ce rendez vous à la maternité pour ta naissance si l’on peut dire cela…Un premier accouchement qui restera gravé en moi…littéralement maintenant ! Une journée de tristesse incommensurable. Un corps que je ne contrôle plus… Ces tremblements inévitables (un effet indésirable des cachets que l’on me donne d’après eux). La journée défile et les contractions s’intensifient. Dans un silence de plomb et les larmes, tu arrives seule. Ma belle poupée encore emmitouflée. Chose très rare d’après la sage femme.

Et oui, tu resteras unique jusqu’au bout.

Peut être pour apaiser mon esprit. Cette culpabilité de te faire venir beaucoup trop tôt. De ne pas avoir eu la force de préparer ton arrivée. De ne pas avoir eu la force de te voir. Je ne m’en sentais pas capable à cet instant. Ce moment où tu arrives cette douleur physique et morale… C’est le moment où une partie de moi s’est éteinte.

Rentrer de la maternité sans toi.

Et continuer de vivre. Cela a été une vraie épreuve. Seules tes empreintes nous seront remises. Et ta photo un an plus tard. Les jours et les mois qui ont suivis et les mois ont été tellement difficiles, la douleur physique au départ, avec la montée de lait inutile et tous les désagréments d’un accouchement.  Puis la douleur morale. Tellement forte que certains jours je ne pouvais pas me lever.

Perdre ma fille est la chose la plus dure que j’ai vécu.

 Et jamais cette douleur ne sera atténuée. On apprend seulement à vivre avec… Il y a des jours difficiles et d’autres moins. Des dates des événements où l’on pense encore plus à elle. Mais c’est une épreuve qu’il faut surmonter ensemble, côte à côte, malgré la douleur. Malgré la différence d’expression de nos sentiments. L’important au final est de rester soudé tous les 4 en famille. Respecter et laisser chacun exprimer sa douleur à sa manière.

Pour toi Elena. Nous t’aimerons à jamais.

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