Coliques néphrétiques et grossesse : S. nous raconte.

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On donne la parole à Maman S. Elle a vécu 3 accouchements en tout. Et les 2 premiers ont été très éprouvants. Coliques néphrétiques, hospitalisation, RGO pour bébé, hospitalisation pour bébé aussi. Un parcours du combattant qu’elle tenait à nous raconter. Et aussi pour dire qu’il y a toujours une petite lumière au bout du tunnel. Il faut s’accrocher au moindre espoir pour tenir le coup. Je vous laisse découvrir son histoire.

Premier enfant tant désiré.

J’imaginais une grossesse idyllique, un accouchement de rêve et me projetais déjà à la rencontre avec bébé. Le premier trimestre, comme beaucoup, a été marqué par les nausées et les vomissements. Je continuais à rêver en lisant les magasines “9 mois”. A 4 mois de grossesse je sens une grosse douleur au bas ventre mais plus sur le côté. Douleur qui me paralysait et me réveillait la nuit en sursaut . 1 mois passé, et après plusieurs récidives, même en journée, j’ai consulté la gynéco qui, après écho, a pensé qu’il s’agissait juste de bébé qui appuyait fort.

Un peu rassurée, j’ai pris mon mal en patience.

Un jour alors que j’avais décidé de ne pas sortir, je me suis motivée à rendre visite à mes parents. Là bas la douleur revient. Ne voulant inquiéter personne je m’isole. Ma mère a tout de suite remarqué que ça n’allait pas et insiste pour m’emmener aux urgences. On me fait un test en me donnant un léger coup de point dans le dos et là je sens une terrible douleur qui irradie du dos jusqu’à l’avant du bas-ventre. Le médecin a tout de suite su de quoi il s’agissait mais voulait confirmer par une écho.

Elle avait vu juste, une colique néphrétique.

 J’ai été hospitalisée plus de deux semaines. Rien n’arrivait à soulager la douleur, même sous acupon ou morphine. Morphine que j’ai fini par refuser car j’étais inquiète pour bébé et cela me rendait finalement encore plus malade que je ne l’étais.
Le dernier recours a été la pose d’une sonde double sous rachianesthésie. La douleur était pire et les médecins étaient impuissants face à la situation, ils ne comprenaient pas.
En fait, mon corps avait fait un rejet de la sonde. L’urologue m’a alors mis devant un ultimatum : soit je ressentais cette douleur en continu, soit on retire la sonde mais je prenais le risque que la colique revienne.

J’ai décidé de la garder et pris mon mal en patience.

A 35 SA j’avais des contractions régulières, toutes les 10 minutes. Je suis allée à l’hôpital et le médecin m’informe que le travail a commencé. Qu’il ne l’arrêtera pas. Je n’étais pas prête, je me voyais mal accoucher prématurément. Devant ma détresse, le gynéco m’a expliqué que la sonde y était peut-être pour quelque chose. Pour la retirer il fallait me transférer dans un autre hôpital. Le gynéco appelle donc ledit hôpital, mais ils ont refusé de me prendre en charge. Ils craignaient que j’accouche chez eux (ce n’est pas une maternité). Ils ont finalement accepté, à la condition que je sois accompagnée par une sage femme qui ne devait pas me quitter une seule seconde. On m’a retiré alors la sonde, puis je suis retournée a la maternité, où j’ai été hospitalisée, par précaution. Finalement les contractions ont cessées et j’ai pu rentrer chez moi au bout de quelques jours.

J’ai pu revivre 1 mois avant mon accouchement.

Le jour J, je demande une péridurale. L’anesthésiste arrive. En entrant dans la pièce, il dit à ses collègues présents :”ma dernière patiente et j’aurai enfin fini ma journée de merde”. Je lui dis en plaisantant “oui mais surtout ne me loupez pas !”. Après la pose j’ai senti des fourmillements dans toute la jambe droite. Mais plus de douleurs des contractions donc je me suis dit que c’était peut être normal. 3h après, la péridurale a arrêté de fonctionner et les contractions sont devenues insoutenables. La douleur était à son maximum. J’en vomissais.

Impossible de me concentrer sur l’accouchement.

Bébé descendait mais à chaque reprise de respiration il remontait. Il était en souffrance cardiaque et respiratoire. Le médecin est arrivé en urgence. On a demandé a mon mari de s’éloigner. De détourner le regard. J’ai senti 2 grands coups de ciseaux et ils ont placé une ventouse sur le crâne de mon bébé pour le sortir au plus vite. Il n’a pas pleuré. On me l’a posé une seconde sur moi, juste le temps de couper le cordon. Puis ils l’ont pris et sont partis en courant. On dit à mon mari de sortir et d’aller avec bébé.

J’étais tétanisée.

Le placenta ne se décollait pas, on m’a laissé quelques minutes, voir s’il descendait seul. Sinon il aurait fallu aller le chercher. Il a fini par se décoller. Mais j’ai fais une grosse hémorragie et le médecin a dit qu’il fallait vérifier à l’intérieur. N’ayant plus de péridurale, la douleur fut atroce j’ai cru que j’allais mourir, les larmes coulaient sur mes joues sans que je puisse les contrôler. On a fini par me recoudre. J’ai senti chaque point. J’avais l’impression que c’était interminable. Et pendant ce temps, toujours pas de nouvelles de bébé.

Le jour qui était censé être le plus merveilleux, était finalement le plus horrible.

On fini de me recoudre. Vingt points m’a-t-on dit. Entre temps on m’informe que bébé va bien mais qu’il a été transféré en réanimation. Ses poumons avaient pris un sacré coup pendant l’accouchement et il avait avalé beaucoup de liquide amniotique. Il avait du être aspiré car un seul côté du poumon se gonflait quand il respirait. La panique m’envahit. On me ramène dans ma chambre, en chaise roulante. Je m’assoies au bord du lit, on m’aide à me lever, et je m’évanouit. Quand je reprends connaissance, on me réinstalle et rebranche, puis me laisse une heure de plus, sous surveillance.

Les sages-femmes me disent que mon bébé a été transféré en néonatal.

Au vu de mon état, je ne pouvais pas allé le voir. Il a fallu que j’attende d’avoir reçu deux poches de fer en perfusion, pour qu’on m’autorise enfin à aller voir mon enfant. Je pouvais juste le regarder car j’étais trop faible pour le porter et m’en occuper.
Mon bébé était resté 4 jours dans le service néonatal. J’avais hâte de rentrer et de pouvoir profiter de lui. De m’occuper moi même de mon enfant. Aujourd’hui, le lien qui nous lie est très fusionnel.

J’espérais mieux profiter de ma seconde grossesse.

Mais à 5 mois de grossesse j’ai ressenti à nouveau une forte douleur qui m’a tout de suite fait penser à cette fameuse colique néphrétique. Je me suis rendue à l’hôpital mais au vu de mes antécédents on m’a dit que c’était probablement dans ma tête. Le médecin me fait quand même une écho et me confirme finalement la colique néphrétique. On m’hospitalise une bonne semaine mais cela se passe mieux que la première fois. Pas de sonde à mon retour chez moi.

 A 7 mois de grossesse, je sens une immense douleur dans le bas ventre.

Je vais aux urgences. Là on m’annonce que mon col est raccourci et que je suis en menace d’accouchement prématuré. Nouvelle hospitalisation et injection de corticoïde pour aider à la maturation des poumons. Renouvellement de l’injection 24h après. Et surtout alitement total.
Finalement j’arrive à garder mon bébé dans mon ventre, jusqu’au bout. L’accouchement se déroule bien.

Mieux que le premier en tout cas.

Au troisième jour de vie de mon enfant, après l’avoir allaité, je le garde sur moi. Je sens qu’il s’endort. Mais en le regardant je vois qu’il est tout bleu. Il ne respirait plus. Je perds pieds, je sonne, je sors de la chambre en hurlant à l’aide. Une aide soignante m’arrache mon bébé des bras et l’emmène au bureau des sages femmes. Heureusement elles réussissent à le ramener à la vie. Je tremblais de peur. Aujourd’hui encore, je reste traumatisée par cet instant.

A chaque tétée, mon bébé devenait bleu.

Il désaturait rapidement. Il a été transféré en néonat pour une surveillance accrue et une série d’examens. Ils décident de le mettre sous Gaviscon. Deux jours après, ils lui font une PH-métrie qui se révèle négative. Ils ont conclu qu’il s’agissait d’un RGO.
J’ai du sortir de l’hôpital mais bébé est resté sous surveillance pendant plus deux semaines.

L’angoisse de la sortie était présente.

J’avais envie d’avoir mon bébé mais j’avais peur de ne pas savoir gérer à la maison en cas de crise. Le matelas Proclivia était nécessaire et j’avais fini par acheter une saturomètre portable pour surveiller bébé à sa sortie. Les nuits furent longues et la peur de m’endormir était tout de même sans cesse présente malgré le saturomètre. Je me réveillais en sursaut a chaque fois, par peur de m’être endormie trop longtemps. La première année de vie de bébé a été très difficile.

Ma troisième grossesse m’a permis de me réconcilier avec la maternité.

Pas de colique pas de MAP, un accouchement de rêve. Le seul hic, la prise de poids difficile de bébé. A ce jour, j’ai 3 merveilleux enfants que j’aime de tout mon cœur. Je pense que tout ce que j’ai vécu a fait que l’angoisse de perdre un enfant est toujours dans ma tête. J’ai fait d’eux ma priorité au point de m’oublier. J’avoue que c’est parfois difficile par moment mais c’est plus fort que moi. J’ai aussi ce besoin constant de leur montrer  tout mon amour.

La vie ne tient vraiment à rien. Je l’ai compris à travers mes expériences. Et je profite de ces moments avec eux, en me disant que j’ai de la chance de les avoir près de moi, en bonne santé.

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